Coilguns "Stadia Rods" (Math Hardcore Massif/Dead Dead Dead Music)

J’avais laissé Coilguns (il n’y a pas très longtemps) avec le split où figuraient trois petites chansons laissant présager une bonne suite dans une veine math hardcore comme on aurait pu retrouver chez un Dillinger Escape Plan. Avec « Stadia Rods », les Suisses laissent l’aspect fougueux un peu de coté pour rentrer dans des compositions plus matures au tempo un peu ralenti, rendant leur musique plus personnelle. La lourdeur alliée à des riffs toujours aussi complexes, Coilguns laisse transpirer une haine doublée d’un spleen traduisant le fait que l’on ne sortira pas vivant de cette écoute. Cet effet est accru aussi par l’alternance de parties binaires à d’autres, aux mesures composées, ou inversement à des passages (ou morceaux entiers !) instrumentaux avec seulement des nappes de cymbales et des accords à vide. Bref, on sent la désolation et la colère ! Je trouve que le batteur y est aussi pour beaucoup car, même si le groupe en lui-même s’est orienté vers une autre intensité musicale, Luc Hess a considérablement épuré son jeu (toutes proportions gardées bien entendu) de manière à servir la guitare à la perfection et rendant les compositions fichtrement efficaces là où on aurait pu trouver le temps long. À la manière du condor dessiné par Dawid M. Piprek (ayant aussi collaboré avec The Ocean) pour la pochette, « Stadia Rods » fascine et intrigue. Le virage pris par le groupe en étonnera peut-être quelques-uns mais les Suisses tiennent là quelque chose de très personnel. À écouter (plusieurs fois) et à méditer (longtemps).
Etienne