Abraham "The Serpent, The Prophet and The Whore" (Sludge/Pelagic Records)

Il m’en aura fallut des écoutes de « The Serpent, The Prophet and The Whore » pour pouvoir le digérer correctement et surtout l’apprécier dans son ensemble. Car Abraham nous propose ici un album dense, tout d’abord dans sa musique mais aussi dans son ambiance. Cette atmosphère restera étouffante jusqu’à la fin et je pense que c’est la raison pour laquelle je n’ai pas pu me faire concrètement une idée dès la première écoute. Noirs et sombres, les morceaux imposent par leur rugosité et s’implantent dans notre esprit de manière permanente. Les riffs sont martelés tandis que la section rythmique finit de nous achever au marteau-pilon. Les Suisses jouent habilement avec nos humeurs et nos sentiments. Tantôt rapides et sauvages, tantôt lents et lourds, les tempi collent parfaitement aux thèmes traités (solitude, douleur, peur, visions mystiques…) tirés d’un livre de J. G. Rawls. Dans un registre plutôt sludge, Abraham navigue aussi sur les mers du blues (pour les guitares), du post hardcore et du black metal. L’alchimie des styles donne alors naissance à un voyage tumultueux en eaux troubles d’une grosse cinquantaine de minutes. « The Serpent, The Prophet and The Whore » n’est vraiment pas facile d’accès mais si l’on prend le temps de le réécouter, on se rend compte que sous la densité, il y a une œuvre majestueuse et finement travaillée ne demandant qu’à être comprise à sa juste valeur. Patience de mise mais résultat assuré !
Etienne