Alt "I'm a Dancer", "I'm a Model", "I'm a Singer" (Rock)

En deux ans d’existence, les Drancéens d’Alt n’ont pas chômé pour accoucher de leurs premières salves car, oui, le groupe nous propose pas un mais quatre EP 4 titres se regroupant pour ne former qu’un au final. Avançant l’expérience et la longueur du chemin parcouru par les différents membres du trio, Alt se veut comme un exutoire, point convergeant des influences diverses, digérées et recrachées à la sauce maison. De base rock, la musique n’est pas pour autant statique et se promène par-delà les frontières, toujours pour servir l’univers du combo. C’est donc énergiquement que commence « I’m a Dancer », à grands renforts de rythmes groovy et de riffs dansant, lorgnant vers des mélodies assez sombres. On sentira tout au long de cet EP, la nervosité punk avec des tempi toujours en avant du temps mais aussi une certaine finesse de composition comme l’on pourrait trouver chez Porcupine Tree. Les instruments jouent leurs rôles parfaitement, sans empiéter sur le territoire du voisin mais en proposant des parties fournies sans être trop lourdes. Premier jet, premiers bons points. Alt n’a pas menti sur l’expérience de ses membres et sait où il va. Enchaîné directement, « I’m a Model » déboule avec une intro à la Faith no More. Clairement influencé par les années 90, la formation a su retrouver un état d’esprit de composition similaire en l’actualisant néanmoins à travers, par exemple, le son, bon et propre. Plus en retrait que sur l’EP précédant, les instruments laissent un peu plus de place à la voix, maitrisée tout comme l’accent anglais. Les compositions sont ici plus sobres et moins classiques dans leur construction. Les montées et autres ponts se font plus présents même si la verve trouvée dans « I’m a Dancer » reste là, tapie et prête à ressurgir comme sur Silhouettes & Summer Frowns qui, à l’instar d’All that’s wrong in it sur la galette précédente, détonne par rapport à l’atmosphère générale. Et effectivement, on comprend dès le lancement de « I’m a Singer » que la puissance et le groove reviennent avec, ici, un 2000 Times très Rage Against The Machine. Après la (bonne) nervosité et la sobriété, Alt dévoile une nouvelle corde à son arc avec un troisième EP massif et rock à souhait (limite metal). Toujours bien travaillées, les parties des morceaux sont enchainées avec brio et conforte la maitrise instrumentale des Drancéens. Plus rugueux que les deux précédents, l’ombre de Helmet plane ici et vient confirmer les hypothèses sur la décennie de prédilection du trio. Troisième étape, mêmes sensations. Alt gère et sait convaincre par sa fougue et ses orientations stylistiques mais pour que la réussite soit totale, il faudra terminer sur cette bonne lancée sans fausse note afin de concrétiser une très bonne idée de concept.
À suivre.
Etienne