Xtrem Fest 2013 @ Albi les 3 & 4/08/13

Nous quittons notre pays natal narbonnais pour rejoindre les terres tarnaises, sur ce beau complexe cultivo-sportif de Carmaux. Parmi les presque 1500 visiteurs, on croise une flopée d’amis qui ne pouvaient rater ce rendez-vous ; on s’offre une jolie pinte dans les verres tape-à-l’œil du Xtremfest. All Right ! On est paré pour l’aventure.

On débarque dans la salle au cours du show de Dying Fetus. Mes oreilles sont heurtées par le son ultra-cleanée du trio légendaire de death grind américain. Ce n’est pas ma tasse de coca, mais purée, quelle violence ! On est à l’Xtrem de la brutalité musicale !
Evidemment, on ne peut pas aller à l’encontre des headbangs collectifs des parties lourdes, qui tranchent avec des parties grind voire speed-trash bien exécutées.
La salle n'est pas comble mais sacrément attentive au jeu sans faille des trois colosses, impressionnant d’assurance. C’est pro, ça sent le vécu, ça respire l’auto-exigence.
Les deux microphages vocifèrent des questions /réponses pour dynamiser les morceaux: chant grawl du guitariste John Gallagher versus bassiste screameur, Sean Beasley. Leurs riffs sont une vraie usine à relancer les foules. Quant au batteur, il rentabilise sa caisse claire par des Xrem-Blast sur sa config’ classico-métal avec, tout de même, le doux plaisir d’une double grosse caisse.
Leur set présente pas mal de morceaux du dernier album « Reign Supreme » ; évidemment, nous aurons droit au célèbre Destroy The Opposition  ainsi qu’à leur reprise habituelle Kill your mother, Rape your dog qui enthousiasme les nuques.
Dying Fetus, c’est une formule trio sans concession, déversoir de brutalité et fidèle a sa réputation vieille de 22 bougies. Un show de deathmétalorgrind bien en place, avec des touches hardcores. 

Viens l’heure de nos préférés : BELVEDERE qui joue sur la scène extérieure.
Grandes retrouvailles avec ce groupe qui a bercé nos peaux prépubaires. Partagés entre l’envie de profiter du devant de scène et celle d’avoir un meilleur son, nous optons pour admirer le spectacle canadien d’au plus près.
Le quatuor débarquent d’Alberta et s’appliquent à délivrer un punk rock sauce fast-mélodique qui en ont inspiré plus d’un (Mute, Main Line 10, Jet Market, Straight Away…)
Ils avaient prévus de ne plus revenir, mais cette fois ci, il débarque dans le cadre d’une tournée, et c’est pour de bon !  Ils n’ont rien perdu de leur fougue juvénile, et nous sommes toujours aussi réceptifs au sourire bright de Steeve Rawles.
Ils font l’effort de parler français, et qu’un plaisir de les retrouver, avec leurs tentatives de french anecdotes. On déchiffrera par leur « swimmig pool lac » qu’ils se sont risqués au lac de La Roucarié.  Il nous explique jouer ici pour la deuxième fois et ne tarissent pas sur les jumps pour dynamiser leur jeu.
Le bassiste porte toujours son t-shirt de Police (on espère qu’il a vu la couleur d’une lessive depuis le Groezrock 2012), et marque les blancs des morceaux par une ponctuation de jet salivé.
Le batteur a volé la gueule à Benny Hill et beurre ses cymbales comme des tartines. Sa batterie est un ovni composé de marques différentes. A priori, il ne paye pas les doubles croches et  ne décroche un sourire que lors des plantages (petit lâcher de baguettes volantes). En même temps, avec la qualité qu’il nous fournit, il n’a pas besoin de forcer scéniquement. C’est précis et rapide, incroyable que la performance des CD avec une simple pédale, se vérifie en live.
Le guitariste soliste avec sa Gibson rafistolée prend le TGV. On aura droit à quelques pains sortie de bonnes boulangeries mais ses avalanches de riffs sont des bijoux mélodiques. Il nous délivre aussi des chorus sortis de la gorge d’une mamie qui subit une attaque de zombies ; intense.
Un set de 18 morceaux - dont les appréciés Two Minutes For Looking So Good, Not My Problem, Slave to The Pavement, Closed Doors - ponctué par un petit interlude bossa-salsa comme ils en ont l’habitude sur les planches.
Les fougueux et précurseurs Belvedere ont ressuscité leur punk rock mélodique en débitant un concert d’émotions, de sueur et de sciure. De la bonne confiserie !

Nous faisons une halte à l’étage du complexe et nous découvrons l’écurie de Kicking Record où nous faisons une razzia. (Peut-être aurais-je l’occasion de vous parler de leur joli livre « Flying Donuts, ma petite entreprise punk. Sociologie du Système D. » ou de leur riche analyse  « Do It Yourself ! Autodétermination et culture punk » écrit par l’éclairé Fabien Hein). Quelle chance de croiser l’accessible Steve Rawles au stand de Belvedere où nous échangeons notre mauvais anglais. Effervescence Record est aussi dans la place. En partance pour une bière à l’utile buvette intérieure, on croise le vénéré Maitre Kdy de Métal Sickness, Fab de Safe, les anciens d’Ysun (Rip/Narbonne), la bande de détraqués de Bone Scrapers (Narbonne), d’Absed (81) et j’en passe.
Le camion-restau est en pénurie de plats fait-maison … Je pleure un peu et on rempile !

Les 5 costauds d'Hatebreed nous accueillent dans une salle comble jusque dans les moindres recoins d’obscurité, nous confrontant à l’ampleur du phénomène : un sacré mur d’ampli Marshall en guise de déco de scène. Autant vous dire qu’ils n’ont pas mis leur bandana pour faire un tennis.
Les riffs sont taillés pour se graver sur vos tympans. Le guitariste de gauche est d'ailleurs un vrai bucheron. Celui de droite, sous sa casquette, envoie aussi grave la charcuterie.
Le simple hochement de tête du bassiste suffit largement à nous faire adhérer à la mouvance. Derrière ses toms relevés, Matt Byrne est souriant –ce qui suffisamment rare pour être souligné- Il envoie du lourd. Le public composera de véritables pyramides humaines en guise d'offrande aux américains, en remerciement pour leur cohésion musicale et leur prestation scénique imposante.
Excitation contagieuse soit maxi-ambiance dans la fosse, bel esprit donc!
Le public est en surchauffe, conséquence du jeu du « West side !...East side ! » animé par le chanteur, le Moïse de la marée humaine. Il a une sacrée prestance ce Jamey Jasta. La foule participe, s’affronte, les esprits sont à vif et avides devant ce déluge de décibels.
Hatebreed, l'expérience du hardcore américain au service de l’ardeur française. Leur réputation, ils ne l’ont pas volé.

Dagoba ou plutôt le groupe de Franky Costanza. Le David Copperfield de la batterie vous garantit un jeu d’illusion et de technique sans faille, et c’est la claque assurée.
La précision d'un rasoir quatre lames, sans l'irritation, sur une batterie scintillante à double grosse caisse, customisée à l'effigie de sa marque "Serial Drummer".
Franky le magicien, ce drum-dreamseller…
Bref, parlons du groupe.
Je ne reconnais pas vraiment les membres du groupe – qu’on avait côtoyés sur l’organisation du festival Zap’& Rock à Cuxac d’Aude-  et cela confirme la rumeur du changement de line up. Effectivement, Izakar à quitter le poste de guitariste, remplacé par Z.
Et si la tête du chanteur m’évoque un bonhomme dont l'humanité ce serait bien passée, je passe outre et observe attentivement. Certes Shawter maitrise son sujet, et ses mélodies chantées en voix claires ne sont pas pour me déplaire. Cependant, je sais que les puristes n’ont pas du en dormir de la nuit. Le leadeur ne tarira pas d'éloges sur le public métaleux qui s'est déplacé à l'évènement et mobilise les spectateurs en bon frontman. Des chorus fédérateurs bien placés vitaminent les morceaux. Petit bémol sur la sonorisation du trigg de la grosse caisse, trop corsé à mon gout ; au-delà de l’aspect industriel, on frôle le style techno.
Le public ne s’est pas amassé pour acclamer les stars Marseillaises, peut-être parce que le quatuor a perdu un peu de son éclat.  Néanmoins, je souligne l’effort d’originalité dans les samplers voix ainsi que l’épuration de certains morceaux.
Dagoba, powerFrankymétal from Marseille.

Comeback kid déboule et la salle est au bord de l’implosion. A priori, les grands attendus de la soirée ! Ces 5 musiciens débordant d'hyperactivité, avec un tel survoltage, n’ont vraiment rien à envier aux centrales nucléaires. Et vas-y que ça aguiche le public, comme s’il n'était pas déjà complètement allumé -du fond de la fosse au haut des gradins- à la vue de ces figures du punk hardcore. L’ambiance tourne à l'apocalypse. Prévenez Bugarach que la fin du monde se passera finalement ici. Ca joue vite, bien et fort : que demander de plus ? C’est vrai que ça traine un peu pendant les inter-morceaux mais bon, faut bien qu'ils se désaltèrent les petitiots.
Je retiendrais la dose de complicité avec les spectateurs, ainsi que leur jeu de scène explosif. Un bon duo basse-gratte, côte-à-côte pour des chorus puissants, et un chanteur qui déverse ses tripes et surplombe la fosse dès qu’il en a l'occasion. Il a bien fait –le Andrew Neufeld – de  troquer sa gratte contre un micro. La surface de la scène est bien rentabilisée, croyez moi.
Le batteur - Kyle Profeta- est friand de jolis roulements et levé de biceps. Il pose des breaks fracassants sur sa configuration punk. Roadies et bénévoles font bloc à l’arrière scène, et assistent au spectacle lunaire, rejoint même par Franky de Dagoba.
En bonus, une surprenante reprise de Nirvana (Territorial Pissings), ressuscitée version hardcore ! J’accroche !
Le chanteur descend au cœur de l’arène : festival du câble micro emmêlé. Les techniciens veillent au grain, pas de quoi entamer l’ambiance collective.
On clôture avec le tellement efficace Wake The Dead et ses fichus « You said, you said, you said » qui ne lâcheraient pas un Alzheimer.
Comback Kid, un condensé de taurine canadienne pensé pour la scène. On a pris, et on en redemande. Inoubliable.

La nuit est bien entamée, et c'est avec une pointe d'émotion que Ed annonce cet avant dernier concert d'Uncommonmenfrommars  "avant une longue pause"… 
Et pour contenter les foules avant leurs au-revoir, leur set-list présente des morceaux de chaque album, un milkshake savoureux de tubes et de vieilleries, issu de l’abouti « Scars are reminders » ,  du funny « Welcom to… », de l’intimiste « Kill the fuse », du spontané « Longer than  an Ep shorter than an album » jusqu’au petit dernier « Easy Cure ».
UMFM est de loin le groupe qui recueille le plus l'adhésion sur la scène extérieure. Ils sont attendus les quatre lascars, et ont reconnais dans la foules les toulousains de BIAS, Sid et Chloé de Delete Your Favorite Records qui ont donné leur contribution à ce bel Xtrem Fest.
Quelques soucis techniques viendront pimenter le jeu du Jim qui cassera sa basse sur You Failed Me et Daff qui changera à trois reprises de caisse claire.
Trint, quant à lui, a semble-t-il quelques litiges avec son coiffeur. Quoi que son ton « poivre-et-sel » correspond bien aux chorus façon mamie Ginette sur Guess What ?.
Comme d'habitude, le show est animé, Trint nous donne droit a un petit solo de gratte de contorsionniste. 
Dans la foule, une baston menace d'exploser et l'attentif Ed calme l'affaire par une formule bien placée. Dans la foulée, une personne se pète la cheville... UMFM, ça fait du bien là où ça fait mal : un morceau et ca repart ! 
Clôture en beauté par un Ed qui embrasse la fosse en se déplaçant, lui, son pied de micro et sa vieille StratoCaster au beau milieu de la foule. Il nous joue un entrainant, harmonique et quasi acoustique White Russian emprunté à « Functional Disfunctionality ». Et franchement, c'est beau. Ça sent la communion avec le public.
Y a comme un parfum de nostalgie qui plane devant ces mangeurs de planches ; c'est vrai qu' ils en ont transpirés des barriques de sudation sur les scènes pendant ces quinze dernières années tout en produisant, quasi chaque année, un album. Ces généreux, ils l’ont pas volé leur statut d’intermittent !
Et c’est avec ces piliers incontournables de la scène punk rock que s’achève ce samedi d’XtremFest. On a les yeux qui brillent d’avoir vu toutes ces pointures le même jour et on va se coucher sur ce qui reste de nos deux oreilles en imaginant ce que nous réservera la prochaine édition.




Félicitation à toute l’équipe de Pollux Asso pour ce bel évènement.
Chloé
Photos live de Cédric Rastelli et Chloé.